Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 207 –

sion générale de toutes les apparences dont se compose le drame.

Nous ne pourrions pas autrement nous expliquer la surprenante justesse d’expression, ce qu’on a appelé la « plasticité » des thèmes wagnériens.

Pour ne citer qu’un exemple entre mille autres, que le lecteur veuille se reporter au thème chevaleresque qui caractérise Lohengrin, et qui éclate à l’orchestre dès que le chevalier du Graal apparaît. Ce thème est si parlant, il est si parfaitement conforme à l’idée que nous pouvons nous faire de l’être surhumain dont le secours est invoqué par Elsa dans sa détresse, que nous n’avons pas besoin de voir réellement le personnage sur la scène pour en saisir le contour et en percevoir le caractère. Le personnage est là tout entier dans l’orchestre, armé de pied en cape, étincelant dans sa gloire, lumineux et éclatant ; et l’impression, quand nous le voyons en effet descendre de son frêle esquif, n’est si profonde et si vive que parce que ce personnage, que nous apercevons maintenant réellement, est pour ainsi dire