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Supprimez la musique de ses drames, ceux-ci resteraient-ils ce qu’ils sont à nos yeux ?

Pouvons-nous, par exemple, imaginer l’Anneau du Nibelung’’, Tristan ou Parsifal simplement parlés ?

En revanche, nous pouvons parfaitement imaginer ces partitions subsistant intégralement sans aucune réalisation scénique ; elles demeureraient des œuvres prodigieusement évocatrices d’émotions et de pensées.

Voilà qui résout le problème, si tant est qu’il puisse être posé.

C’est aussi dans ce sens que se prononce Nietzsche et ce qui donne à ses conclusions un poids considérable, c’est que la Geburt der Tragœdie est un écrit visiblement conçu sous l’influence des idées du maître de Bayreuth et dans lequel, selon toute vraisemblance, Nietzsche a développé, avec son originalité propre, les vues mêmes de Wagner sur son art.

Nietzsche suppose une sorte d’harmonie préétablie entre le drame et la musique, aussi bien dans la tragédie antique