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ont préoccupé les penseurs, c’est que, dans les œuvres du génie s’affirme avec une continuité absolue la concordance des rêves artistiques avec les directions changeantes de l’humanité, telles qu’elles se traduisent dans les aspirations diverses de chaque race et de chaque époque. Elle ne saurait donc prétendre à dicter les préceptes certains et immuables, soit du Beau, soit du Goût. Tout ce qu’il lui est permis de faire, c’est de dégager de ses observations un certain nombre de principes qui ne seront point des règles, mais la simple notation de faits précis, de résultats concrets d’une activité identique dans son Essence, quoique variable infiniment dans ses manifestations.

Telle est du moins l’esthétique moderne.

Convenons qu’autrefois, c’était une science plutôt empirique, comme toutes les sciences à leur début. Elle versa pendant tout un temps dans le fâcheux système contre lequel s’irrite le comte Tolstoï et qui consistait à ne considérer comme belles et parfaites que les œuvres correspondant à un certain schéma, déterminé d’avance