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éloigné de l’art des sons et poussé vers les lettres à un âge où la personnalité n’est pas encore formée et subit facilement toutes les empreintes. Mais dès le moment où sa véritable nature se formule et s’affirme, nous voyons au contraire le musicien prendre le dessus et diriger en réalité toutes les facultés de l’artiste. C’est alors que, non sans avoir longtemps hésité, il résout énergiquement l’espèce d’antagonisme qui s’était manifesté jusqu’alors dans les tendances, sinon contradictoires, tout au moins partiellement divergentes du poète et du musicien ; et son choix définitif est en faveur de ce dernier. Placé entre la Mort de Siegfried et Frédéric Barberousse, il condamne le drame non musical qui est l’œuvre du seul poète dramatique ; et il va à la Mort de Siegfried, d’où sortira l’Anneau de Nibelung, qui sera la création de son génie musical.

Que ce génie musical soit très spécialement dramatique, cela n’est pas contestable et c’est ce qui donne sa physionomie particulière à Wagner musicien. Comme le dit très justement M. Chamberlain, la musique