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plan les artifices du contrepoint, elle força les musiciens à se préoccuper de nouveau de variété dans la création des formes mélodiques. Ces formes mélodiques nouvelles, plus libres, plus amples que la simple chanson populaire ou l’air à danser, se transmirent à la musique instrumentale allemande demeurée systématiquement polyphonique et, grâce à Bach, à Haydn et à Mozart, nous conduisirent à la symphonie de Beethoven.

C’est ainsi que l’orchestre, par une série de transformations lentes, est devenu le merveilleux instrument au moyen duquel Wagner a pu réaliser ce qu’il a appelé la mélodie infinie, c’est-à-dire cette trame sonore continue qui enveloppe l’action, d’où celle-ci se dégage et qui est en réalité la base de toute la création artistique.

Un mot très juste de M. de Wolzogen définit bien l’œuvre d’art de Wagner : elle est, dit-il, une émanation de la Musique[1]. Le Tondrama diffère de l’opéra en ce que

  1. H. de Wolzogen, Erinnerungen