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tale, l’art musical véritablement nouveau, en était encore à ses premiers bégaiements. Pour que la tragédie moderne fût possible, il fallait que la symphonie eût atteint l’apogée de sa puissance expressive, et cela ne s’est produit qu’au début du présent siècle.

Ces conditions à la fois morales et historiques expliquent aussi l’erreur des poètes-musiciens de la Camerata florentine, qui créèrent l’opéra en s’imaginant reconstituer la tragédie antique.

Galilei, Peri et Caccini, méconnurent complètement la priorité nécessaire de la musique dans le drame. Leur invention, le chant parlant, était une réaction radicale, – dans un certain sens nécessaire, – contre les complications excessives, purement formelles et simplement habiles, du contrepoint vocal ; elle signifiait un retour à l’expression spontanée, sincère et naturelle du sentiment humain dans le chant. Mais en même temps, comme toute réaction, leur œuvre fut excessive. Sous prétexte de rendre intelligible le sens des textes chantés, ils en arri-