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tout apprendre de nous ; ils n’ont rien laissé qui approche, par exemple, de la symphonie de Beethoven ; ils n’ont même pu soupçonner qu’il existerait jamais une œuvre d’art de ce genre.

Notre musique est quelque chose de si profondément différent de la conception qu’ils avaient et qu’ils pouvaient avoir de l’art des sons que toute analogie est d’avance exclue. Sans parler de leur système tonal si différent du nôtre, leur musique était essentiellement monocoque, la nôtre est harmonique et polyphonique ; la leur était absolument vocale, la nôtre est absolument instrumentale.

J’insiste sur cette dernière opposition, car c’est seulement du jour où, grâce au développement de la facture des instruments, tout l’arsenal de nos engins sonores se trouva constitué comme il l’est depuis deux siècles, que les combinaisons sonores de la symphonie moderne sont devenues possibles et que nous voyons apparaître la véritable musique moderne, celle qu’on a appelé la musique absolue, la musique pure, dégagée de toute alliance avec la pa-