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Rœckel ; c’est un cri de douleur ininterrompu. La vision pessimiste du monde est empreinte si profondément en lui que lorsque, déjà à la seconde moitié de sa carrière, l’œuvre de Schopenhauer vient à sa connaissance, c’est en toute vérité qu’il peut affirmer n’avoir trouvé dans le philosophe de Francfort que la confirmation de sentiments dès longtemps éprouvés par lui et l’exposé méthodique d’une conception de la vie analogue à celle qu’il avait toujours eue devant les yeux.

C’est ce qui fait que Wagner est le véritable poète tragique nouveau. Il est l’Eschyle et le Shakespeare du xixe siècle. Son Tondrama est la tragédie moderne. L’analogie, je dirai même l’identité est si parfaite qu’on peut aller jusqu’à dire que le drame musical de Wagner s’est constitué et formé exactement comme la tragédie antique. Il est la résultante de l’effort de la musique moderne vers la réalisation imagée et active des visions qu’elle évoque, comme la tragédie grecque avait été la résultante de la progression naturelle du chant, de l’inspiration lyrique chez les