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notre contemplation, mais il ne s’analyse pas. Cette analyse, c’est Nietzsche qui nous l’apporte, faite avec toute la pénétration d’un critique infiniment mieux armée que celle de Wagner, et avec une clarté de méthode, une solidité d’argumentation que l’on ne trouve pas dans Opéra et Drame’’.

Ainsi, la nature véritable des rapports de Wagner avec le mythe, avec la légende, la très pénétrante et très profonde étude de Nietzsche sur l’essence du tragique nous l’explique plus clairement que Wagner lui-même. Quand celui-ci affirmait que le drame lyrique, l’opéra ne pouvait s’établir que sur la base du mythe, il énonçait simplement, sans pouvoir l’apprécier, ce que son sentiment souverain de poète tragique lui avait dicté ; et il cherchait à justifier ce sentiment par des considérations plutôt extérieures.

Nietzsche, lui, va bien au fond du problème, et en montrant les liens étroits qui rattachent le sentiment tragique au mythe et celui-ci à la musique, il découvre en même temps les causes profondes de la