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Nietzsche formule, à ce propos, une observation fort intéressante. Il fait remarquer que chez les tragiques grecs, l’assemblage des scènes et des tableaux qu’ils nous montrent sur le théâtre nous transmettent des vérités si profondes, que le poète est impuissant à les exprimer seulement par des mots et des idées. De même l’Hamlet de Shakespeare : il parle plus superficiellement qu’il n’agit ; on ne peut le comprendre qu’en regardant au fond et en embrassant l’ensemble de l’œuvre. Ce que Nietzsche dit d’Hamlet peut s’appliquer à d’autres personnages de Shakespeare, par exemple à Macbeth, à Richard III, à Lear et même à Othello.

C’est que, dans ces grands drames, Shakespeare, comme les tragiques grecs, s’inspire directement du mythe. Or, la parole ne saurait traduire avec toute la clarté désirable le sens intime et universel de la légende.

Pourquoi les tragédies grecques nous paraissent-elles froides ? C’est qu’elles ne sont parvenues jusqu’à nous qu’à l’état d’œuvres littéraires, de drames parlés. Il