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séances de boxe, les combats de taureaux, etc.

Ce n’est pas davantage la conscience que nous avons que ce spectacle n’est qu’une fiction, qu’un simple simulacre, car notre émotion est d’autant plus vive que l’illusion est plus forte, que le spectacle représenté nous paraît plus vrai et plus réel.

Aristote et toute l’esthétique classique à sa suite ont cherché l’explication de cette étrange jouissance dans le sentiment de compassion, dans la pitié provoquée par la catastrophe, jointe au sentiment de délivrance que nous éprouvons quand toutes les terreurs qui nous ont assailli sont enfin brisement interrompues par le dénouement, qui est toujours une solution, une fin d’angoisse.

Nietzsche se place tout à fait en dehors de cette conception bourgeoise du phénomène. Pour lui, la jouissance esthétique de la tragédie ne peut s’expliquer que par l’essence musicale du sentiment tragique, et c’est pourquoi aussi la tragédie est à ses yeux inséparable de la musique, que celle-ci soit exprimée ou non.