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même qu’elle est par rapport au texte dans la relation du général au particulier, du principe à l’exemple, il serait plus naturel que le texte fût écrit sur la musique, et non la musique composée sur le texte.

C’est le contraire qui a lieu généralement, mais le phénomène n’en reste pas moins tel que Schopenhauer l’analyse. Dans la pratique, le texte n’est pour le compositeur qu’un moyen d’excitation de la faculté musicale. Les paroles provoquent en lui un sentiment, et c’est ce sentiment qui devient le véritable générateur de la composition. Quand le musicien traduit trop littéralement le sens des paroles, s’il s’attache trop étroitement à formuler sa musique d’après les paroles ou les actes auxquels elle s’ajoute, il fait fausse route, il fait parler aux sons un langage qui n’est pas le leur. Sa composition laissera une impression tout autre que celle qu’il en attendait ; elle fera rire. N’est-ce pas le cas des pièces musicales assurément curieuses qui prétendent représenter des batailles, ou des paysages, ou des scènes bibliques, ou des événements