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apparences du monde réel, ce monde du rêve, ce monde du sentiment abstrait ; nous le réalisons en quelque sorte dans des analogies corporelles et réelles. Telle est l’origine du chant articulé, du chant accompagné de paroles et, par extension, du drame musical.

Schopenhauer fait remarquer à ce propos combien est profonde l’erreur des esthéticiens qui veulent subordonner la musique aux paroles. Ils renversent le rapport exact des deux éléments l’un vis-à-vis de l’autre. La Musique n’est pas l’élément secondaire de l’expression, elle en est le générateur. C’est justement le caractère d’universalité qu’elle imprime à la traduction de nos sentiments, tout en leur laissant la plus absolue vérité, qui fait qu’elle ajoute tant de force aux paroles auxquelles elle est adaptée, aux actes auxquels nous l’associons. Le philosophe de Francfort va jusqu’à nous faire entrevoir en quelque sorte l’art de Richard Wagner, le Tondrama du maître de Bayreuth, lorsqu’il observe, dans sa Métaphysique de la musique, qu’en raison de la prépondérance de la Musique, par cela