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dans un cas particulier, cette concordance existe, quand le compositeur aura su, dans le langage universel de la Musique, traduire les excitations de la Volonté qui constituent le noyau d’un fait donné, alors la mélodie de sa chanson, la mélodie de son opéra sera expressive. Mais il importe que l’analogie découverte par le compositeur entre ces deux expressions résulte de la directe perception par lui de l’essence du Monde, sans que sa Raison la soupçonne ; sinon, quand la Musique devient une imitation volontaire et consciente, par l’entremise de l’intellect, elle n’exprime plus l’essence des choses, la Volonté même ; elle ne reproduit plus que son apparence, toujours d’une façon insuffisante ; toute la musique imitative en est là. »

Si nous voulons bien y réfléchir, quand la Musique veut peindre, elle quitte, en effet, son domaine propre. Elle cesse d’être la poésie intime, l’expression absolue de la vérité ; elle n’est plus qu’une contrefaçon approximative des êtres et des objets, insuffisante, comme le dit très justement Schopenhauer, parce qu’elle ne peut jamais