Page:Kufferath - Musiciens et philosophes, Tolstoï - Schopenhauer - Nietzsche - Wagner.djvu/165

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
– 159 –

sique a plus que les autres le pouvoir d’évoquer le principe même des choses, leur essence, leur esprit intrinsèque. Aussi diffère-t-elle des autre arts, et particulièrement des arts plastiques, en ce qu’elle est dans un certain sens dégagée complètement de tout rapport avec la forme des phénomènes ; elle constitue elle-même une forme abstraite, absolue et complète. C’est pourquoi, ainsi que Wagner l’a fait observer dans son livre sur Beethoven, la Musique obéit à des principes esthétiques totalement différents de ceux des autres arts. Elle ne peut pas être évaluée suivant les catégories du Beau ; elle n’a pas à se soumettre, comme la peinture, la sculpture, l’architecture, à la proportion, à l’harmonie et à la beauté des formes. L’esthétique musicale, il est vrai, a longtemps admis le contraire, sous l’influence des principes du Beau qui dominent nécessairement les arts plastiques et qui avaient été étendus par analogie à la Musique ; mais c’était là une erreur, car la Musique ne peut pas produire les mêmes impressions que les arts plastiques, c’est-à-dire cette jouissance singu-