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ment, ses tableaux isolés de la vie humaine, surajoutés à la langue universelle qu’est la Musique, ne sont jamais liés à celle-ci d’une façon nécessaire, ne correspondant jamais absolument ; ils n’ont avec elle que le rapport accidentel d’un exemple, plus ou moins heureux, à l’appui d’une idée générale ; ils attribuent seulement la précision du réel aux choses que la Musique exprime dans l’universalité d’une simple forme. Car les mélodies, dans un certain sens, sont, elles aussi, une abstraction de la réalité, comme toute idée générale. La réalité, c’est-à-dire le monde des choses isolées, fournit ce qui est sensible, le concret et l’individuel, le cas particulier, par rapport à l’universalité des idées abstraites aussi bien qu’à l’universalité des mélodies. Ces deux universalités sont toutefois contradictoires dans un certain sens. Les idées ne sont que des formes tirées de la perception, elles en sont en quelque sorte l’écorce qui aurait été retirée des choses, donc, au sens propre, des abstractions. La Musique, au contraire, nous donne le noyau générateur de toutes choses, elle en est le cœur même.