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l’élément actif et propulsif de la tragédie. Le chœur, aux yeux de Nietzsche, est la partie la plus importante du drame grec. L’action est l’accessoire ; elle n’est qu’une simple vision (élément apollinien) ; le chœur est, lui, la réalité (élément dyonisien). C’est le chœur, nous dit-il, qui est le véritable souffrant ; le chœur contemple l’action et il compatit ; et justement parce qu’il est le compatissant, il est aussi le sage, à qui se révèlent les vérités, du sein même de la Nature. Il est la Nature ; il est par conséquent aussi la Musique, puisque Nature et Musique sont une et même chose sous des aspects différents.

Dans la tragédie d’Eschyle, la fusion des deux instincts créateurs d’art, l’apollinien et le dyonisien, est complète. Avec Sophocle et Euripide, la séparation commence ; l’élément dyonisien tend de plus en plus à être relégué et finit par être complètement banni. Dès lors, la tragédie grecque disparaît, comme œuvre d’art. Sa décadence s’accentue à mesure que l’esprit, le génie de la Musique s’éloigne d’elle.

La renaissance de la tragédie s’opère