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ce ne sont là que des symboles, des images nées de la Musique, et non des représentations musicales de scènes déterminées.

Tout cela aboutit à reconnaître que la poésie lyrique est complètement dépendante de la Musique, et que celle-ci, dans son indépendance sans limites, n’a besoin ni de l’image, ni de l’idée ; elles les admet seulement à côté d’elle, comme complément. Le texte du poète ne peut rien dire de plus que ce qui se trouve déjà exprimé dans la Musique, d’une façon générale.

À cette idée, Nietzsche rattache sa thèse en partie historique, en partie esthétique sur l’origine de la tragédie grecque, thèse très hardie, très nouvelle, à savoir que la tragédie des Grecs est issue de la Musique.

Depuis longtemps, on avait reconnu que le chœur était le symbole de la « masse » placée dans l’état d’exaltation dyonisiaque.

Nietzsche adopte cette interprétation ; mais il la transforme à sa façon. Pour lui, le chœur n’a pas le rôle accessoire qu’on lui prêtait jusqu’alors. Il n’est pas l’expression réflexe de l’action ; il est, au contraire,