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les millions d’êtres prosternés dans la poussière, et vous vous approcherez de Dyonisos. « Le dieu joyeux, le dieu magicien, – Dyonisos, – c’est nous, dans le délire et l’exaltation de l’ivresse ; l’exaltation nous divinise en quelque sorte ; nous croyons être nous-mêmes ces dieux superbes et beaux entrevus dans l’état de rêve. En d’autres termes, l’homme n’est plus artiste, il est devenu lui-même l’œuvre d’art. Le grand principe de l’unité des êtres, grâce à la toute-puissance de l’art, trouve son entière satisfaction dans cet état d’exaltation. »

Voilà les deux éléments que Nietzsche oppose l’un à l’autre et dont l’union intime peut seule constituer l’œuvre d’art absolue. À l’élément dyonisien se rattachent toutes les symboliques qui expriment l’essence même de la Nature, non seulement la symbolique des lèvres, du visage, des yeux, de la parole, mais aussi celle du corps humain mis en mouvement par le rythme de la danse. À l’élément apollinien se rattachent les principes d’ordre, de logique, la symbolique des formes immuables et géomé-