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est resté, lui, complètement insensible !

La puissance de contagion ne pouvant se reconnaître qu’à ses effets, elle est donc un détestable critère, car l’incompréhension individuelle ou générale ne prouve rien contre l’art ; elle ne prouve que l’insuffisance de l’individu ou du groupe d’individus en cause. La compréhension de tout art demande des facultés normales et une culture spéciale. Il n’y a pas que des aveugles et des sourds physiquement frappés d’incapacité ; il y a aussi des sourds et des aveugles au point de vue intellectuel et esthétique. Tel individu, intelligent d’ailleurs et capable d’apprécier une œuvre littéraire ou poétique, est dépourvu complètement de toute sensibilité par rapport à l’art musical ou à la peinture : ses facultés sont limitées, voilà tout, et le cas est assez fréquent.

Dans les développements qu’il donne à son idée de la contagion artistique, Tolstoï aurait dû insister sur ces points, afin de bien déterminer la portée et l’étendue du phénomène qu’il analyse. Il n’en fait rien, de même, du reste, qu’en tout ce travail il