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sition s’allie à l’irrésistible magie d’une maîtrise orchestrale qui n’a pas eu de pareille en ce siècle, voici ce que fait le comte Tolstoï :

« Siegfried se couche avec son maillot dans une pose qui est censée être belle, et tantôt il discourt avec lui-même, tantôt il garde le silence. Il rêve, il écoute le chant des oiseaux, et veut les imiter ; de son glaive, il coupe un jonc et en fait une flûte. Le jour grandit, les oiseaux gazouillent. On entend à l’orchestre des sons qui les imitent, mêlés à d’autres qui accompagnent les paroles de Siegfried. Mais Siegfried joue mal de la flûte, et se met alors à souffler dans sa corne. Cette scène est insupportable. Pas la moindre trace de musique, c’est-à-dire de l’art de communiquer à l’auditeur l’émotion de l’auteur. Jamais on n’a rien imaginé de plus anti musical. »

Jamais, dirai-je à mon tour, on n’a rien imaginé de plus extravagant que ce jugement dans l’incompréhension, personne n’est allé aussi loin, pas même l’inoubliable Oscar Commettant, auquel Tristan donnait des attaques d’épilepsie. Il est