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l’absurde et l’incompréhension le disputent quelquefois au mauvais goût.

C’est la fâcheuse aventure qui arrive à un maitre illustre de ce temps, à un conteur délicieux ou puissant, à un penseur profond et pénétrant : le comte Léon Tolstoï. Il n’a pas su se défendre du dangereux travers de vouloir parler de ce qu’il ne savait pas, en consacrant à la musique de nombreuses pages dans l’essai d’esthétique générale paru récemment sous ce titre : Qu’est-ce que l’art ?[1].

Dans ce travail, tout n’est pas à rejeter. Un maitre écrivain tel que Tolstoï ne pouvait produire une chose absolument banale. Il traite le vaste sujet qu’il s’est proposé avec une concision qui est un mérite ; sur bien des points, d’ailleurs, il touche juste et formule des observations intéressantes.

En général, cependant, ses idées esthétiques ne sont rien moins que neuves, et

  1. Il en a paru récemment deux traductions françaises, l’une de M. de Wyzewa, l’autre de M. Halpérine.