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puisse toucher au moindre détail sans que l’œuvre entière s’écroule… »

Comment, après ce qu’il avait dit de Beethoven, s’étonner d’une pareille appréciation, qui nous prouve dès le premier mot que Tolstoï n’a aucune idée d’une partition wagnérienne ? La merveille dans l’œuvre de Wagner, – et sur ce point, tous ceux qui le connaissent et l’ont entendu sont d’accord, – c’est justement la clarté et la solidité logique de son architecture musicale. Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ses sujets, qu’on approuve ou qu’on rejette ses tendances et ses théories, qu’on lui dénie les facultés que l’on voudra, la seule chose que jamais aucun critique n’a pu lui reprocher, c’est, comme le fait Tolstoï, de manquer d’unité et de cohésion.

Chez aucun compositeur moderne, peut-être, on ne trouve une plus parfaite, une plus subtile coordination des rapports que doivent avoir entre eux les éléments de la composition. On peut appliquer à chacune de ses partitions, comme à chacun de ses drames, ce que Kant dit de sa Critique de la raison pure. Chacune de ses œuvres est