cet égard une des pages les mieux caractérisées qui soient. Elle rentre d’ailleurs dans le cadre de cette étude, M. Richter l’ayant dirigée à son concert de Bruxelles.
Ce large et brillant prologue de l’œuvre musicalement la plus riche de Wagner, est bâti tout entier sur des thèmes empruntés aux épisodes essentiels de la comédie. Ces thèmes se divisent en deux catégories bien distinctes : les uns se rapportent à la corporation des Maîtres chanteurs, les autres à l’aventure amoureuse autour de laquelle évolue le drame.
C’est par le thème des Maîtres, sans autre préparation, que commence l’ouverture
Ce thème large, pesant et carré qui caractérise admirablement la solennité satisfaite et la fierté tranquille des bons bourgeois de Nuremberg épris d’art et de poésie, Wagner le voulait dans un mouvement « très modérément animé », correspondant à peu près à l’ancien allegro maestoso, c’est-à-dire au rythme d’une marche noble, fortement accentuée comme l’indique d’ailleurs l’ample structure de la mesure en quatre temps réguliers. Pour bien en saisir le caractère il faut se rappeler le très joli mot de Wagner à propos de ses compatriotes : « L’Allemand est anguleux et gauche quand il veut affecter les bonnes manières ; mais il est grand et supérieur à tous quand il est enflammé. »