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Le souci extrême des nuances expressives et des accents déjà si important dans l’interprétation de Beethoven, devient, on le comprendra, plus nécessaire encore dans l’exécution des œuvres de Wagner. Par rapport à Beethoven, Wagner occupe la situation de Beethoven vis-à-vis de Mozart et de Haydn ; et il l’a définie lui-même avec une sagacité remarquable, en analysant les dissemblances qui éclatent chez Mozart et Beethoven dans la façon de concevoir l’allegro. Wagner constate que chez Beethoven l’allegro est presque toujours une décomposition de l’adagio pur en une figuration plus animée ; tandis que chez Mozart – à part quelques rares exceptions dans ses dernières œuvres (symphonies, trios, quatuors), – l’allegro est généralement un morceau tout à fait indépendant où sur un thème donné, des rythmes vifs se succèdent et alternent sans autre but que de donner à l’adagio une contrepartie éclatante et mouvementée. Tous les allegros de Beethoven, au contraire, sont régis par un melos fondamental qui tient du caractère de l’adagio, qui l’annonce ou qui lui fait suite. De là dans ses mouvements rapides un caractère sentimen-