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l’orchestre

En réalité, ce devrait être la règle : toute mélodie porte en elle-même son caractère, ou le reçoit des combinaisons harmoniques et rythmiques au milieu desquelles elle se développe. Pour guider le véritable musicien, il ne faut en tête des partitions que les très sommaires désignations spécifiques et génériques : allegro, adagio, presto, etc.

Dans la pratique, malheureusement, cela ne suffirait pas. Il y a si peu de chefs d’orchestre qui aient vraiment l’âme musicale, qui possèdent le sens, l’intuition de la musique ! On est bien obligé de multiplier sans cesse les indications métonymiques, les accents, les nuances, pour éviter les plus absurdes méprises. Correctement observées, elles peuvent tout au moins servir quelquefois à mettre sur la voie de la vérité un maître de chapelle incapable de la saisir par lui-même. Aussi ne peut-on assez recommander aux compositeurs d’être dans leurs indications aussi précis que possible.

Quant aux chefs d’orchestre, s’ils veulent être dignes de leur charge, leur premier devoir est d’étudier avec soin, dans leurs moindres détails, les partitions qu’ils ont à diriger et parallèlement, non subsidiairement, de se mettre au fait de l’esprit de la composition par l’étude de ses origines personnelles et de son point de départ poétique. La conduite de l’orchestre est un art si difficile que ce n’est pas trop exiger de celui qui s’y consacre la conscience la plus attentive, un travail d’assimilation constant et opiniâtre, sans parler des connaissances musicales indispensables.

L’orchestre est, quoiqu’on pense, le plus délicat et le plus docile des instruments. Tout ce qu’un chef habile