accélérant outre mesure le mouvement dès le début. Aucune œuvre d’art ne devrait être exposée à de pareilles expériences, si l’on entend en donner une interprétation véritable.
Comment se fait-il, se demande finalement Wagner, que la conclusion de l’ouverture du Freyschütz soit expédiée de la sorte ? La chose ne peut s’expliquer pour lui que par l’habitude invétérée d’exécuter sans façon, au grand trot de l’allegro principal, cette deuxième cantilène devenue ici un chant de triomphe ; et il proteste avec autant d’énergie que de raison contre ce travestissement atrocement vulgaire d’un motif plein des élans de reconnaissance les plus passionnés d’un cœur de jeune fille religieusement épris.
Il raconte qu’à Vienne, l’impression produite par sa façon de la diriger fut si vive que les musiciens eux-mêmes avouèrent n’avoir pas connu l’ouverture auparavant, sans parvenir d’ailleurs à s’expliquer par quel procédé Wagner était arrivé à de si beaux résultats. Ce procédé ajoute-t-il, est très simple : c’est la modération du mouvement :
À la quatrième mesure de cette fougueuse et brillante entrée :
je donnais au signe >, qui dans la partition paraît au premier
abord un accent vide de sens, la signification voulue par le
compositeur, à savoir celle d’un diminuendo, et j’obtenais
ainsi une interprétation moins intense, une inflexion plus douce
du dessin thématique principal