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l’art de diriger

L’authenticité du mot a été contestée ; on a même prouvé plus ou moins définitivement que ce thème fatidique était tout uniment la notation d’un chant d’oiseau que Beethoven avait entendu dans une de ses promenades aux environs de Vienne et qu’il avait recueilli sans autre arrière-pensée que d’en tirer parti un jour ou l’autre.

Quoi qu’il en soit, l’idée du Destin et de la lutte avec lui correspond si bien au caractère impérieux de cette symphonie qu’elle en demeurera selon toute apparence inséparable à tout jamais.

Que Beethoven, au moment de la conception et de l’élaboration, ait été dominé par cette idée ou qu’elle n’ait eu directement et spécialement aucune influence sur le développement musical de l’œuvre ; qu’il ait voulu de propos délibéré exprimer certains sentiments sur ce thème philosophique ou qu’il se soit complu dans des rythmes énergiques et des harmonies systématiquement dissonantes simplement parce que ces rythmes et ces harmonies répondaient mieux à son tempérament vigoureux, violent même, ennemi surtout de toute fadeur et de toute affectation ; c’est une question que je ne me charge pas d’élucider t qui ne sera vraisemblablement jamais tranchée.

Il est certain que les commentateurs de la symphonie en ut mineur ont poussé quelquefois les choses à l’extrême. Ces gens ont une manie dangereuse, c’est de vouloir être toujours plus profonds que leur auteur. Ainsi Louis Nohl, dans sa biographie de Beethoven, éprouve le besoin de poursuivre jusqu’au bout l’application de l’idée du Destin dans la symphonie. Le premier