Page:Krysinska - Rythmes pittoresques, 1890.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.

placer les splendeurs surannées des types ou s’imprimaient l’ode et la chanson, l’épopée et l’élégie, le conte et la satire[1]

Seulement, comme je l’ai dit ailleurs : la préoccupation unique d’innover dans la machinerie poétique serait un indice de misère, il est temps que l’être se montre le créateur de pensées. Celui-là trouvera les voies et saura faire bénéficier le vers de cette liberté qu’il a reprise, rendre à la poésie son éternelle destination qui est d’exprimer harmonieusement soit de petites ou de grandes synthèses aux éléments bien connus, soit des émotions ou des tableaux extrêmes, mais toujours un bel ensemble fait pour se fixer ou, du moins, pour s’arrêter durant une longue période dans la cervelle humaine. Tandis que la prose, plus propre à l’analyse, mieux faite pour la découverte pour l’effort continu, explorera les steppes et les forêts lointaines, travaillera d’abondance, elle, la poésie, fera valoir le domaine acquis, le circonscrira de rythmes musicaux, doux à la mémoire.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, qu'on ne s’imagine pas satisfaire l’intelligence et l’instinct contemporains avec les menus cris et les plaintes indigentes de la tradition classique, que l’on se hâte de sortir du figé,

  1. Bien entendu cette idée est celle des novateurs eux-mêmes, le mètre classique ne doit point nécessairement périr, mais il faut se résigner à n'y voir qu'un mode prosodique et non plus le mode prosodique.