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FEMMES

Et sous l’archet du Démon s’épanouit alors tout un orchestre ;
S’épanouit alors comme une grande fleur — tout un orchestre.

Les violons traînaient des notes pâmées, et parfois miaulaient comme des chats.
Les flûtes éclataient de petits rires nerveux.
Les violoncelles chantaient comme des voix humaines.

La valse déchaînait son tournoyant délire.
Rythmée comme par des soupirs d’amour ;
Chuchoteuse comme les flots,
Et aussi mélancolique qu’un adieu ;
Désordonnée, incohérente, avec des éclats de cristal qu’on brise ;
Essoufflée, rugissante comme une tempête ;
Puis alanguie, lassée, s’apaisant dans une lueur de bleu lunaire.

Et par l’archet du Démon évoqués,
Les Souvenirs passaient ;
Cortège muet,

En robes blanches et nimbés d’or, les Souvenirs radieux, les bons et purs Souvenirs ;
Sous leurs longs voiles de deuil, les douloureuses Ressouvenances ;