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Où — telles des nuées — les navires oscillent
— Et le vrai ciel paraît une mer immobile.

III

soir en mer

À Georges Rodenbach.

La mer et le ciel se sont parés
De lueurs rouges, de lueurs roses,
De lueurs pourpres — en chantante gamme

— C’est — comme des linges éclaboussés de sang, parmi des roses,

Ce qui resterait
De quelque galant drame.

Puis, des gemmes enflammées,
Des rubis, des grenats, des coraux
Roulent en colliers dénoués,
Tombent, en guirlandes rompues, du ciel dans l’eau.

Et les feux de l’horizon qui étincelle
Cerclent la mer d’un anneau d’or,
Comme une fiancée redoutable et belle

Qui, charmeresse, se couche dans les dentelles
De l’écume, légères et frêles
Et, respirant doucement — s’endort.