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La Nuit câline se berce, comme dans un hamac
Une fille des chaudes contrées,
Et, de ses mains ouvertes,
Tombe le précieux opium de l’heure.

La cohorte brutale des soucis
Est en déroute
Sous le pur regard de la Nuit.

Plus rien d’hostile ne se mêle
À la sérénité des choses assoupies ;
Et l’âme du poète peut croire
Retrouvé le pays promis à ses nostalgies ;
Le pays à l’égal charme doux —
Comme un sourire d’amie, —
Le pays idéal, où
Plus rien d’hostile ne se mêle
À la sérénité des choses.

Flottez, gracieuse et farouche sirène !
Nuit indolente, dans le calme bleu éthéréen,
Flottez sans hâte — car voici déjà
À l’Orient la menace rose
Du jour,
Et voici retentir dans l’air assoupi
Le clairon qui sonne le retour
Des soucis — brutale cohorte.