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Mais, en soupirs pressés, haletants d’émoi,
Voici courir les fraiches notes du Hautbois ;
Comme par un matin tendre de Printemps
Dans tes jeunes branches d’arbres court le Vent.

Les Flûtes pastorales ont le rire léger
Des cascades, sous les feuillées nouvelles,
Où tes colombes vont boire,
Tandis qu’au firmament, clair comme leurs ailes,
Luit un Soleil joyeux aux longs rayons de gloire.

Et tes Cors brament les Hallalis
Des poursuites dans les Forêts —
Où le Cœur éperdu sanglote à la curée
Des Dieux anciens, des Rêves abolis.

Puis, Violoncelles et Violons
Enlacent leurs accords puissants —
Comme en des étreintes de Passion
Plus forte que la Mort et le Temps.

Elles disent — ces cordes saintes —
Le charme de l’Art vainqueur,
Asservissant les formes, les sons et les couleurs,
Et par qui nos mains débiles sont armées
Contre le Néant — de la brillante Épée.