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Et qu’ils rapporteront, fidèles, à leurs belles,
Quand seront blancs devenus leurs noirs cheveux.

Mais le sombre Indigo des nuits d’été
Est la caresse consolante à nos yeux dépités
Par le harcèlement du réel quotidien —
Qui nous mord et aboie comme un chien.

Violet — violette des tombeaux,
Où des veuves en demi-deuil vont prier
Déjà rêvant d’amours nouveaux ;
Et violettes lasses, laissées
Sous les paupières par les bonheurs goûtés
Comme un vin meurtrier.

Lilas frais et mauves pervers,
Rhododendrons où des phalènes vont se pâmer ;
Orchidées fleuries dans les serres —
Auprès des couples enlacés
D’étreintes furtives et douloureuses presque,
Qu’aux yeux de tous il faut cacher.

Rose léger des mousselines
Et rose odorant des roses
Qu’entraînent des musiques câlines,
De valses ; pendant qu’on cause
Sous les lampes, de galantes choses.