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tendu révolutionner quoi que ce soit, ni remplacer aucun mode prosodique par celui affectionné de nous — mais simplement faire de notre mieux et adopter à cette fin la formule qui nous convenait.

Notre proposition d’art est celle-ci : atteindre au plus de Beauté expressive possible, par le moyen lyrique, subordonnant le cadre aux exigences imprévues de l’image, et rechercher assidûment la surprise de style comme dans la libre prose avec, de plus, le souci d’un rythme particulier qui doit déterminer le caractère poétique déjà établi par le ton ou pour mieux dire le diapason élevé du langage.

Le sacrifice de la rime et de la coupe symétrique du vers n’est d’ailleurs qu’une apparence de sacrifice, pour les yeux accoutumés aux prosodies régulières ; car le dispositif inattendu, asservi aux attitudes de l’idée et de l’image — est un moyen d’effet de plus[1].

Telle pièce traduisant quelque capricieux coin de nature, ou quelque anxieux état de rêve, perdrait

  1. La division linéaire n’étant plus motivée par la rime ou l’assonance qui sont facultatives devient un moyen de ponctuation, un arrêt suspensif et aussi un moyen d’inscription décorative. (N. de l’A.)