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Que diras-tu, en voyant
Encloses à jamais sous leurs paupières,
Les fleurs de lumière
Qui furent ces merveilleuses prunelles ?
Les grands Lacs enchantés de mes yeux,
Les grands Lacs hantés par les naufrages et les désastres.

(Elle rêve un instant.)

Tes actions de grâces viendront-elles saluer
L’austère Libératrice ?
Non ! Tes clameurs de détresse
Seront comme celles d’un bélier égorgé,
Et ton âme sera
Comme une barque en perdition dans l’orage,
Car le Souvenir de nos bonheurs
Aura des bras acharnés de Bourreau
Pour te déchirer et te blesser
Mieux qu’avec des épées.

(Elle s’affaisse.)

Qu’elles sont froides tes pâles mains, ô Mort !
Il me semble, Charmion, queje suis redevenue
Comme une toute petite,
Craintive et faible.

(Elle se renverse entièrement.)

Ah ! pourquoi donc ce vélum de lin clair