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Sont d’heureuses nouvelles, j’en suis sûre ;
Mais le front de Cléopâtre
Fléchit sous le faix du diadème,
Et le seul joyau qui puisse ajouter à sa splendeur
C’est une Mort radieuse.

(Avec un geste de commandement.)

Obéis-moi, Charmion !

Charmion, en pleurant, apporte la corbeille.

Mourez, admirable Reine !
Charmion se fie à sa douleur pour ne point vous survivre.

Cléopâtre, ayant plongé sa main parmi les fruits et senti la morsure du reptile, s’abandonne languissamment soutenue par Charmion.

Qu’elles sont froides, tes pâles mains, ô Mort !
Tes pâles mains sur mes yeux et sur mon cœur,
Et que d’angoisses à être ainsi bercée sur tes genoux —
Cruelle Berceuse !
Sur tes genoux de pierre — plus houleux
Que la grande mer en courroux.

(Elle semble s’assoupir, puis soulève la tête pour se mirer encore.)

Que diras-tu, Antoine, mon lamentable amant,
À qui j’ai coûté le courage et l’honneur ;