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Cléopâtre

N’est-ce pas, Charmion, que ma chevelure est belle ?

Charmion

Elle est, ta chevelure, aussi belle
Que le repos de la Mort.
Et le vivant Opium
Qui embaume sa soie funèbre,
En fait le linceul câlin
Où vient s’ensevelir la volonté des héros.

Cléopâtre

Donne-moi mon miroir.

Charmion, donnant le miroir.

Si tu voulais, ô Reine !
Te mirer au clair ciel du matin,
Où les ors et les incarnats de l’aube
Se fondent en miraculeuses harmonies
Au sein des nuées nouvelles écloses, —
Tu reverrais l’apparence de ton visage
Où le charme des fleurs s’allie
À l’éclat des trophées.

Cléopâtre

Y eut-il une victoire refusée à Cléopâtre ?