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Et qu’elle soit plongée au profond des gouffres de l’Enfer,
La minute hideuse qui nous révèle
Que nous ne sommes point, comme les Dieux — immortels,
Et qu’il est vacillant le Trône
Bâti sur la roche la plus haute…
Mourir dans sa beauté !
Mourir, Reine !

(Après un silence elle appelle.)

Charmion !

Charmion, accourant.

Ma chère maîtresse !

Cléopâtre

Ma chevelure me pèse et m’obsède.
Fais la crouler libre sous tes doigts habiles.

Charmion

Ta chevelure, ô Reine ! est comme la tendre Nuit,
La Nuit endormeuse de tristesses.
Elle est — ta chevelure — comme une mer de ténèbres parfumées,
Où, parmi les flots tumultueux,
Roulent les clameurs des cœurs en détresse,
Où, parmi les flots alourdis d’épaves,
Vogue, victorieux navire, l’Extase divine.