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Or le fils du prince un jour passait par là,
Et la grâce du jeune arbuste le charma ;
Il le prit pour tailler un flûtiau
Et l’emporta dans son château.

Mais lorsqu’il voulut en jouer
Le flûtiau tout seul se mit à chanter :
— Ah ! qu’il est triste mon sort ;
Si jeune m’a prise la mort !


Le prince assembla toute sa cour
Toutes les belles dames et les officiers, et les prêtres.
Et quiconque du flûtiau voulait jouer
La même voix plaintive en sortait :
— Pour un bouquet
Ma méchante sœur m’a tuée.


Ainsi le crime de Nadéja fut connu
Et, lorsqu’on la conduisit sur la lisière du bois
Où, sous la terre, dormait Louba —
Voyant le fils du prince tout en pleurs
Et les prêtres assemblés —
Elle avoua son forfait
Et tomba morte de regret.