Page:Krysinska - Joies errantes, 1894.djvu/117

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Sœur dit : Prends ma main blanche avec l’anneau du doigt.
Mais l’Épouse gémit : Hélas ! faudra-t-il me dépouiller de ma tresse dorée ?…
Je ne puis en vérité donner ma tresse dorée.
Et le magicien garda son baume.
Et le prince mourut.


Or, elles sont là, les trois pleureuses, autour du corps trépassé.
La Mère pleure, soutenant la tête de son prince bien aimé, abattu comme un sapin des bois.
La Sœur pleure aux pieds du prince aussi beau qu’un roi.
Et l’Épouse pleure près du cœur.
Près du cœur mort qui palpita de si tendre amour pour ses tresses dorées.


Et à la place où pleurait la Mère ce devint un beau fleuve aux flots immortels qui coule jusqu’à ce jour.
Où pleurait la Sœur ce fut une source vive.
Mais où pleurait l’Épouse — ce fut une petite mare que le premier soleil a séchée.