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décadence des versificateurs orthodoxes actuels : « Je voudrais leur fouetter le sang — dit-il — les pousser aux travaux héroïques de notre Art, je voudrais régénérer leur inspiration languissante. Nous avons besoin de recrues pour lutter contre les entreprises des novateurs. »

Plus loin, il se console en constatant aussi dans le camp ennemi, des médiocrités de pensée « et dans l’expression une recherche prétentieuse qui l’obscurcit à plaisir ».

Ici, c’est l’inconvénient et l’erreur de juger des producteurs d’art en les classant par groupes, clans ou écoles. Une œuvre artistique ne vaut qu’en raison de la marque personnelle que l’auteur y a pu imprimer, elle est d’essence unique. Il faut donc juger les artistes isolément. Le fait même d’un enrôlement est une déchéance et un titre à l’inintérêt de la critique judicieuse.

En art, il ne s’agit pas du tout d’être un Jésus accompagné de ses disciples, mais simplement un artiste ayant éprouvé en la sincérité de sa conscience, le désir de s’exprimer, de toucher à quelque corde neuve et s’étant choisi, à cette fin, la formule qui lui convenait le mieux ; sans la moindre prétention d’être suivi, avec, au contraire, l’espoir de ne l’être pas.

Telle était la modestie de notre point de vue au moment où, première en date, nous nous essayions dans une formule plus libre, et, telle elle eût demeuré si cette formule n’eut eu, depuis ces quinze dernières années, une inespérée et compromettante fortune.

Dès lors, il nous incombait de fournir quelques explications techniques, et séparer radicalement notre recherche d’étape prosodique nouvelle d’avec aucune invitation à l’anarchie que beaucoup crurent y trouver.

Sans avoir jamais ambitionné l’emploi de chef d’école,