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clarant arbitrairement qu’une indépassable perfection est atteinte — cette évolution est éminemment rationnelle.

La prononciation est si variable de siècle en siècle et de contrée à contrée que la physionomie phonétique des langues garde son mystère pour les plus sagaces philologues.

Peut-on décider avec certitude quelle fut la prononciation de ces jolis vers de Remi-Belleau.

Mai vantera sa fraîcheur
Des fruits mœurs
Et sa féconde rosée,
La manne et le sucre doux,
Le miel roux,
Dont sa grâce est arrousée.

ou de ceux-là que Ronsard mit dans la bouche même des Muses :

Si tu as jamais veu
Ce Dieu qui, de son char, tout rayonnant de feu
Brise l’air en grondant, tu as veu notre père.

Aussi la haute perfection de la poésie du XVIIe siècle, les chefs-d’œuvre de Corneille et de Racine sont des chefs-d’œuvre (c’est déjà quelque chose) mais quant aux procédés que ces maîtres employèrent — si parfaitement adéquats à leurs intentions d’art, et au style de leur époque — doivent-ils être des modèles servilement suivis par notre modernité si différente ?

L’hypothèse est fort soutenable d’une prononciation non identique à la prononciation actuelle au temps de Louis XIV, décorative et amplifiée, selon le caractère de ce siècle ; s’harmonisant avec l’apparat des costumes, l’architecture pompeuse des Mansard et la peinture des Lebrun.