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ronnoient ; et, quand je m’en allai et que je ne vis que mon ombre solitaire, je sentis mon cœur se serrer, je sentis combien tu étois loin de moi, cher compagnon de mon heureuse enfance.

J’arrivai le soir à la jolie maison qu’habitent les parens d’Ida. C’étoit la veille de la fête de saint Jean ; tout le monde me demanda de tes nouvelles, et fut peiné de ton absence. Le lendemain matin, quand je descendis pour déjeuner, je trouvai Ida avec une couronne d’épis que de jeunes paysannes avoient posée sur ses cheveux. Elle étoit sous ce grand sapin près de la fontaine qui est dans la cour ; une multitude de jeunes filles et de jeunes garçons l’environnoient, chacun lui avoit apporté son présent : les premiers avoient posé sur la fontaine des fraises dans des paniers d’écorce de bouleau ; d’autres, comme les filles d’Israël, y avoient placé de grandes cruches de lait, tandis que d’autres encore lui offroient des rayons de miel. Ida remercioit chacune d’elles avec une grâce charmante, et passoit quelquefois ses doigts délicats sur les joues vermeilles des jeunes paysannes. Plusieurs enfans lui apportèrent des oiseaux qu’ils avoient élevés ; l’un d’eux tenoit dans ses petites mains une nichée entière de rossignols ; mais Ida exigea qu’on les reportât où on les avoit pris, ne voulant pas priver la mère de ses petits, ni les forêts de leurs plus aimables chantres. Je remarquai un jeune garçon de seize à dix-huit ans, il tenoit entre ses bras une petite hermine toute blanche,