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ainsi que j’ai fait ce voyage, m’habituant peu à peu à la douce présence de Valérie et vivant toujours sous son regard. Il est bien tard ; je reprendrai ma lettre au premier endroit où nous nous arrêterons.


LETTRE XV

Padoue, le…

C’est de Padoue que je t’écris (tu vois que nous avançons à grands pas vers Venise). Cette antique ville, qui est habitée par plusieurs savans, nous parut d’une tristesse affreuse ; mais Valérie avoit besoin de se reposer. Ce soir, apprenant que David et la Banti devoient chanter, la comtesse eut envie d’aller à l’Opéra. Le comte, ayant des lettres à écrire, ne put nous y accompagner. Valérie ne voulut point faire de toilette, et nous prîmes une loge grillée. Ô Ernest ! de tous les dangers, aucun ne pouvoit être aussi terrible pour ton ami ! Figure-toi ce que je devois éprouver : il me sembloit que toutes les voluptés habitoient cette funeste salle ; le contraste des lumières, des parures de ces femmes éblouissantes, avec cette loge foiblement éclairée, où il me sembloit que Valérie ne vivoit que pour moi ; la voix enchan-