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mentoit le jour. — Vous n’étiez pas heureux dans votre enfance ? — Ni dans ma jeunesse, ma chère Valérie. » Il soupira. « Mais j’ai sauvé ce qu’il y a de si précieux à conserver, une âme qui n’a jamais désespéré du bonheur. Le passé est pour moi comme une toile rembrunie qui attend un beau tableau qui n’en ressortira que davantage. C’est maintenant votre ouvrage à tous deux, mes amis, dit-il en tendant ses bras vers nous ; c’est à vous à conduire doucement mes jours. » Valérie l’embrassa avec tendresse ; je me jetai aussi à son cou ; je ne pus proférer une seule parole. Quel serment pouvoit valoir les larmes que je versois ? Jamais je n’oublierai ce moment, il m’a rendu le calme et le courage.




LETTRE VIII

Bade, le Ier mai.

J’ai voulu renoncer à une partie de ces douces habitudes qui étoient devenues un besoin pour moi, et qui pouvoient devenir dangereuses. J’ai demandé au comte la permission d’aller dans une autre voiture, au moins quelquefois, et j’ai prétexté l’envie que j’avois d’apprendre l’italien, afin de savoir quelque chose de cette langue quand nous arriverions à Venise. J’ai bien vu que Valérie