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bien, toi qui sais que jamais je ne fus léger, que la femme d’un autre fut toujours un objet sacré pour moi ? Et j’aimerois Valérie ! Non, non,

Quelques crimes toujours précèdent les grands crimes.

Sois tranquille, Ernest, tu n’auras pas besoin de me rejeter loin de toi.




LETTRE VII

Blude, le 20 avril.

Je suis bien sûr, mon ami, que la crainte seule d’aimer celle que je n’ose nommer (car je dois la respecter trop pour associer son nom à une idée qui m’est défendue) m’a fait croire… Je ne sais t’exprimer ce que je sens, cela doit être obscur pour toi ; voici quelque chose de plus clair. Ce soir, arrivant dans un village d’Autriche et trouvant qu’il étoit plus tard qu’on ne pensoit, le comte s’est décidé à passer la nuit dans cet endroit. On a dressé le lit de Valérie, et, pendant qu’on arrangeoit son appartement, nous sommes tous passés dans une jolie salle qu’on venoit de peindre et d’approprier avec assez d’élégance. Il y avoit là quelques mineurs qui jouoient des valses. Tu sais combien on cultive la musique en Allemagne. Quelques jeunes filles qui étoient venues voir l’hô-