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être pas, mais elle a quelque chose d’idéal et de charmant qui force à s’en occuper. On diroit, à la voir si délicate, si svelte, que c’est une pensée. Cependant, la première fois que je la vis, je ne la trouvai pas jolie. Elle est très pâle ; et le contraste de sa gaieté, de son étourderie même, et de sa figure, qui est faite pour n’être que sensible et sérieuse, me fit une impression singulière.

J’ai vu depuis que ces momens où elle ne me paroissoit qu’une aimable enfant étoient rares. Son caractère habituel a plutôt quelque chose de mélancolique ; et elle se livre quelquefois à une excessive gaieté, comme les personnes extrêmement sensibles, et qui ont les nerfs très mobiles, passent à des situations tout à fait étrangères à leurs habitudes.

Le temps est beau ; nous nous promenons beaucoup ; le soir, nous faisons quelquefois de la musique : j’ai mon violon avec moi ; Valérie joue de la guitare ; nous lisons aussi : c’est une véritable fête que ce voyage.




LETTRE IV


Stollen, le 4 avril.

Mon ami, ce n’est que d’aujourd’hui que je connois bien Valérie. Jusqu’à présent elle avoit