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rent comme toi, » Sa bouche avoit conservé les dernières traces de cette douce résignation qui étoit dans son âme ; la mort l’avoit enlevé sans le toucher de ses mains hideuses. À côté de lui étoit la table où étoient rangés tous ses papiers. À cette vue, mon cœur s’émut, comme s’il étoit encore vivant. Je voyois toutes ses dispositions écrites de sa main ; sa montre y étoit aussi. Je me rappelai qu’il m’avoit prié de la porter ; je la pris silencieusement ; je la regardai, elle étoit arrêtée. Je sentis un frisson désagréable ; et, en me retournant pour m’asseoir et prendre quelques forces, je renversai un des cierges ; il tomba sur la poitrine de Gustave : je me précipitai pour le relever ; et, en voyant l’inaltérable repos de celui qui ne pouvoit plus rien sentir ici-bas, je fis un cri. « Ô Gustave ! me disois-je, Gustave ! tu ne peux donc plus rien éprouver, rien entendre ! La voix gémissante de l’amitié passe à côté de toi et ne t’émeut plus ! » Je posai mes lèvres sur son front glacé : « Ô mon fils ! mon fils !… » C’est tout ce que je pus dire. Je restai immobile ; mon âme disoit un long adieu à cet objet si cher de mes affections ; et, lorsque je voulus fermer le cercueil, mes yeux tombèrent sur la main de Gustave qui étoit restée suspendue. Il avoit à un de ses doigts la bague décorée de ses armes, selon l’usage de notre pays ; je voulus la lui ôter ; puis, me rappelant que c’étoit là le dernier rejeton de cette illustre maison des Linar : « Reste, lui dis-je, reste,