Page:Krudener - Valerie.djvu/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

détourner de cette idée. Il passa une robe de chambre ; mais à peine eut-il essayé de se tenir sur ses jambes qu’un vertige l’obligea à se rasseoir en s’appuyant sur moi. Il se leva derechef, s’agenouilla lentement ; et, mettant sa tête dans ses mains et s’appuyant contre le dossier d’un fauteuil, il pria avec ferveur. J’entendois quelques mots que la piété, le repentir, lui faisoient prononcer avec onction ; j’entendois mon nom et celui de Valérie se confondre ; il demandoit notre bonheur. Moimême, à genoux h ses côtés, je voulois prier pour lui ; mais, trop distrait, des paroles sans suite arrivoient sur mes lèvres ; je ne pensois qu’à lui. Quand il eut fini et qu’on l’eut aidé à se relever, il nous dit : « Je suis tranquille ; la paix est dans mon cœur. » Il sourit doucement, ne voulut point être déshabillé, et se recoucha ainsi. Il nous pria d’avancer son lit vers la fenêtre, de mettre sa tête de manière à voir l’ouest. « C’est là la Lombardie, me dit-il ; c’est là où le soleil se couche : je l’ai vu bien beau auprès de vous et auprès d’elle ! » Il fît approcher son lit encore plus près de la fenêtre. Le médecin craignit qu’il ne vînt de l’air. « Cela ne me fera plus de mal », dit Gustave, et il sourit tristement. Il nous pria de lui mettre des coussins pour qu’il fût assis. On avoit une vue très étendue de cette fenêtre, d’où l’on embrassoit une grande partie de la chaîne de l’Apennin ; l’aurore éclatait dans l’orient ; et le soleil, déjà levé en Toscane, s’avançoit vers nos montagnes. Gustave